Sans preuve & sans aveu
Philippe Jaenada
En librairie dès le 12 octobre 2022
Sur un même dossier où n’apparaissent ni preuve ni aveu, un homme de soixante-six ans, après avoir été acquitté en première instance, vient d’être condamné en appel à quinze ans de prison et, du même coup, rayé du monde des vivants. Que l’on « croie » cet homme innocent ou non n’a aucun intérêt : une justice sérieuse et digne, honnête, n’avait simplement pas le droit de l’empêcher de poursuivre librement sa vie, sans raison valable, en faisant mine de s’appuyer sur un dossier qui ne contient que du vide trouble, des inepties, des tricheries.
À travers cet exemple, dont il décortique avec la minutie qu’on lui connaît chacun des éléments, Philippe Jaenada dresse un vibrant réquisitoire contre les dysfonctionnements inacceptables d’un système policier et judiciaire qui, par manque de moyens et de détermination, se délite sous nos yeux dans l’indifférence générale.


Philippe Jaenada est l’auteur d’une douzaine de romans, dont Le Chameau sauvage (prix de Flore), La Petite Femelle et La Serpe (prix Femina).
Photo Pascal Ito © Flammarion
Extrait
ll faut que j’écrive vite, on ne m’en voudra pas (non) : la littérature, parfois, tant pis. (Au placard, digressions et parenthèses !) Il faut que j’écrive vite en croisant les doigts – c’est très difficile – pour toucher quelques personnes, qui peut-être en alerteront d’autres (on va dire que je me prends pour un justicier ou je ne sais quoi, que mes livres me sont montés à la tête, que je pars en sucette et sors de mon rôle : tant pis), car pendant que je fais des phrases, un homme fermente dans une cellule, un homme qui ressemble à mon voisin du cinquième, au pharmacien du coin de la rue ou au plombier de ma mère et que je crois aussi innocent que ma mère et son plombier réunis – mais peu importe ce que je crois. Les pages qui suivent ne serviront peut-être à rien, mais je ne m’imagine pas ne pas les écrire, donc voilà.
J’ai changé les noms de nombreux protagonistes de cette histoire extravagante. Certains parce qu’ils y apparaissent sans avoir rien fait pour, rien demandé, je ne vais pas les y replonger ; d’autres parce que je ne veux montrer personne du doigt. Pour pseudonymes, j’ai choisi des mois de l’année, des fruits et des légumes.
En librairie dès le 12 octobre 2022
Autres livres
chez Mialet-Barrault
Un jour d’été, dans un petit lotissement désert, une vieille dame se balance dans son rocking-chair, sur sa véranda. Elle attend le retour de trois gamins à qui elle a confié une mission, lui acheter ses gouttes de CBD et une limonade. Le temps passe, les gamins tardent à revenir. Au rythme lancinant du fauteuil qui craque et d’une mémoire chaotique, pensées et sou-venirs, présent et passé, se bousculent, avec la complicité de l’auteur, et ses intrusions fantasques dans un style où tendresse, humour et autodérision retracent en dehors de toute chronologie, un parcours insolite, décousu et solitaire dans le monde impitoyable de la littérature. De la cour des miracles d’une enfance meurtrie au (peut-être) dernier jour d’une vie cabossée, accompagnée par un Smith & Wesson qui a toujours donné à la grand-mère le désir fou de jouer à la roulette russe.
Sur un même dossier où n’apparaissent ni preuve ni aveu, un homme de soixante-six ans, après avoir été acquitté en première instance, vient d’être condamné en appel à quinze ans de prison et, du même coup, rayé du monde des vivants. Que l’on « croie » cet homme innocent ou non n’a aucun intérêt : une justice sérieuse et digne, honnête, n’avait simplement pas le droit de l’empêcher de poursuivre librement sa vie, sans raison valable, en faisant mine de s’appuyer sur un dossier qui ne contient que du vide trouble, des inepties, des tricheries.
Pourquoi ce livre ? Parce qu’il y a de quoi être excédé quand on est pris entre deux feux, tous les jours, depuis des décennies : d’un côté le racisme, l’ignorance et ceux qui confondent « Arabe » et « islamiste » ; de l’autre, certains Arabes, qui leur facilitent la tâche, par leur esprit borné ou leur fanatisme religieux. La partie n’est pas simple – et les coups pleuvent des deux côtés, pour celui qui est pris, à son corps défendant, dans les feux croisés.
Au pied du Sacré-Cœur où il habite, la vie n’a pas gâté Nestor. Rejeté à sa naissance par sa mère qui n’a pas supporté qu’il soit anormalement petit, il vit chez sa grand-mère qui l’a recueilli et qu’il adore. Elle subvient à leurs besoins avec sa maigre retraite de professeur de français tandis que son petitfils, animé d’une inlassable vitalité et d’un incurable optimisme, cherche et trouve mille occasions d’améliorer leur ordinaire dans ce quartier de Barbès où s’entremêlent tous les peuples, tous les destins, tous les désespoirs. Yasmina Khadra fait ici un portrait éblouissant de ce quartier singulier et de sa population.







