Abécédaire pour rire

 

Jacques A. Bertrand

 

En librairie dès le 1er mars 2023

Je ne crois pas avoir appris quoi que ce soit qui ne comportât pas la promesse du sourire.

Jacques A. Bertrand n’a jamais renié cette phrase écrite pour son premier livre publié  en 1983. Il a consacré sa vie à l’écriture, sans jamais cesser de sourire. Il a déchiffré toutes les nuances de cette étrange expression du visage et les a transposées avec virtuosité en mots, en phrases, pour nous dire toutes les émotions que le sourire sait exprimer. Joie, tendresse, amour, sarcasme, mélancolie, cruauté, désespoir et tant d’autres choses.
En vous invitant à vous promener dans ce recueil d’ex-traits de textes, choisis au gré de notre admiration et de l’amitié qui nous a liés au cours de toutes ces années, nous espérons vous offrir le meilleur de cet écrivain rare.

Jacques A. Bertrand a publié plus d’une trentaine d’ouvrages depuis Tristesse de la Balance et autres signes, dont Le Pas du loup (prix de Flore), Les autres, c’est rien que des sales types (Grand prix de l’humour noir), Comment j’ai mangé mon estomac et Brève histoire des choses (prix Alexandre Vialatte).

© Maxime Reychman

Extrait

Avant de vous livrer cet abécédaire com-posé très arbitrairement à partir d’ex-traits des vingt-huit livres que Jacques A. Bertrand nous a confiés au cours de ces longues années de collaboration heureuse, laissons-lui le soin de se présenter.

Je suis né dans l’Ardèche. Le département, après avoir servi d’ultime symbole de la mentalité retardataire pro-vinciale, passe pour être à la mode. Il évoque de vieilles bâtisses en pierre rajeunies, en poutres requinquées, en chambre blanchies à la chaux – habitées par des gens sen-suels et cultivés qui vous écoutent dire du mal de Paris avec un sourire entendu.
L’Ardèche a eu la chance de ne pas se trouver au bord de la mer. L’impératrice Eugénie y aurait pris des bains, les An-glais y seraient venus passer les fêtes : on ne parlerait plus de l’Ardèche. Au lieu de quoi, les chirurgiens parisiens y ont une maison dont ils allument le chauffage au départ de Paris, en composant un numéro de téléphone. Les artistes parisiens ont une maison dans l’Ardèche, aussi. Ils s’en-fument en faisant brûler du bois humide dans de grandes cheminées. Ils laissent les clés à un voisin. L’Ardèche est un désert chic en voie de surpopulation.

Je ne suis pas né dans cette Ardèche. C’est la fausse – qui fait l’Occitane pour les animateurs culturels. On la confond abusivement avec le Sud, ou avec les Cévennes.
Je suis né dans l’Ardèche authentique, celle qui n’a que des patois, qui se glisse du Rhône à l’Auvergne, qui ressemble comme une sœur à la Haute-Loire ou à la Lozère. Je parle de l’Ardèche montagneuse, verte, résineuse, magnétique. Qui ne s’est arrêté sur la route, entre La Louvesc et Saint-Bonnet-le-Froid, pour célébrer les noces de la brume et des genêts, ne sait rien de l’Ardèche.
Je suis un véritable Ardéchois. Je n’ai pas de maison dans l’Ardèche. J’ai vécu en dehors de l’Ardèche. Je l’ai surveil-lée de l’autre côté du Rhône ; je suis monté la voir de Paris.
C’est de Paris qu’on la voit le mieux. Les vrais Ardéchois montent à Paris. Quand ils songent à redescendre, les der-nières ruines se sont arrachées à prix d’or. Les vrais Ar-déchois sont un peu amers. Ils ont une sainte horreur de l’artisanat d’art. Ils se consolent en venant passer le réveil-lon de Noël dans l’Ardèche où, Dieu merci, ils ont encore un peu de famille. Ils se composent des personnages d’Ar-déchois en exil. Ils sont plus Ardéchois que les autres. Le véritable Ardéchois est orphelin de l’Ardèche.

En librairie dès le 1 mars 2023

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