Une fille difficile
Elsa Flageul
En librairie dès le 15 janvier 2025
En 1989, dans la cour de l’école, Laure et ses copains jouent à jeu qu’ils appellent la brûlure indienne : les garçons courent après les filles et s’ils les attrapent, les embrassent ou leur frottent violemment le bras. Plus tard, adolescente dans le Paris des années 90, Laure désire le corps des garçons. Le soir, dans la rue, la peur au ventre avec sa mini-jupe et sa dégaine de fille facile, elle rêve de baiser mais dit faire l’amour pour ne pas avoir l’air de… Toujours, pourtant, elle laisse aux garçons le soin de faire le premier pas. Parce que c’est comme ça. Parce que ça a toujours été comme ça. Et puis un soir de 2005, Laure croise Samuel. La rencontre qui change tout. L’amour comme une obsession, le sexe joyeux et la place qu’on trouve enfin. Le grand amour. La maison. Le travail. L’enfant. La vie. La vie qui va. Impérieuse et décevante. Magnifique et cruelle. L’amour peut-il résister aux temps qui changent, à la société bouleversée par #metoo ? Laure saura-t-elle rester une fille difficile ? Et d’ailleurs, c’est quoi une fille difficile ?


Elsa Flageul
Après Hôtel du bord des larmes (2021), Une fille difficile est le septième roman d’Elsa Flageul.
Photo Éric Genetet © Flammarion
Extrait
Samuel me veut. Il ne s’en cache pas. J’adore quand les garçons me veulent comme ça. Quand ils le montrent, quand ils en rient, quand ils osent l’exprimer et que ce n’est pas grave. J’aime les garçons qui n’ont pas peur des filles. Mais je ne le montre pas. Pas trop. Je ne veux pas qu’il me prenne pour une fille facile. Toute la soirée, Samuel me file des clopes, va me chercher des bières, ses chaussures collent au parquet, ça fait un bruit spongieux qui nous fait marrer chaque fois et plus ça va, plus il en rajoute et plus je le trouve vraiment drôle. Très vite il demande si j’ai un mec. Je fais la fille qui ne s’attendait pas à, je cherche mes mots, je ne sais pas comment lui dire non sans passer pour une pauvre fille désespérée qui crève de solitude, je ne sais pas comment lui dire que la voie est libre sans qu’il prenne peur : il faut ménager le courage des garçons. Il faut cajoler leur peur. Il faut leur parler comme à des enfants perdus. Se mettre à leur hauteur. Leur prendre la main. Adopter une voix douce. Choisir des mots univoques.
Ça fait longtemps que j’ai compris ça, ne pas présumer de leur courage et tâter le terrain avant de se livrer complètement. Combien de fois me suis-je fait prendre à trop de sincérité, trop de franchise, trop de spontanéité, pour les recevoir en pleine face après ?
Alors je réponds que non, je n’ai pas de mec mais je laisse planer un doute, c’est un non ouvert, qui suggère peut-être que oui. C’est un non qui effrite un peu l’assurance de ce beau garçon sûr de lui. Il s’inquiète un peu soudain, il demande ah tu es sûre on dirait pas ? Il sourit mais il a un peu peur, sa bouche esquisse un arc de cercle mais pas ses yeux. Pas ses yeux. Cœur qui bat un peu plus vite, sueur dans le bas du dos. Et moi je réponds flou, abstrait, à côté, je sous-entends que c’est compliqué, parce que les mecs adorent les filles un peu compliquées avec des ex embarrassants qui rêvent de vous reconquérir, avec des mecs qui collent à vos basques, avec des caractères impétueux, ils adorent ça parce qu’il faut mettre son armure, enfiler sa cotte de mailles, choisir une épée, un cheval et chevaucher la lande embrumée à l’appel du clairon. Parce que c’est ce qu’on leur a toujours dit de faire.
En librairie dès le 15 janvier 2025
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