Crénom, Baudelaire !
Jean Teulé
En librairie dès le 7 octobre 2020
Si l’œuvre éblouit, l’homme était insupportable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l’approchaient les pires insanités. Drogué, dandy halluciné, il n’eut jamais d’autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu’il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l’ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu’il a jetés à la face de l’humanité. Cent Fleurs du Mal qui ont changé à jamais le destin de la poésie française.
21€ – 432 pages – 130 mm x 205 mm


Jean Teulé aime à se glisser dans l’ombre des poètes (Rimbaud, Verlaine, Villon et maintenant Baudelaire) que le temps et la postérité ont figés dans la pierre des mémoires collectives. Il leur prête sa sensibilité, son rire, sa gourmandise, sa sensualité, ses abîmes. Et soudain, la vie.
Photographie © Philippe Matsas / Opale / Leemage
Extrait
Mais Charles ne se calme pas du tout. Il reprend ses insolences et déclenche partout sur le bateau un vacarme de scélérat qui fait des frasques. En son éternel haut-de-forme, il a percé dans le bord un trou par lequel il a coulissé un long fil venant entourer son cou tel un collier. À même le pont, quand le vent le décoiffe de l’imposant tuyau rigide en feutre noir, l’air, s’engouffrant à l’intérieur, pousse la calotte cylindrique et le chapeau barré demeure vibrant et agité au bout du fil tendu à un mètre cinquante du crâne de Baudelaire. On dirait un cerf-volant que le jeune passager contemple en tournoyant sur lui-même jusqu’à s’en étourdir, presque s’évanouir, sous le regard au loin des commerçants qui le trouvent tellement baroque. D’autres fois, c’est pire. Après avoir réclamé au capitaine Saliz, qui les a mis en dépôt, les mille francs offerts par Jacques Aupick pour les dépenses personnelles de Charles, celui-ci, au gaillard d’arrière, lance la presque totalité de ses billets de banque au vent. Il les admire, les envie, fuyant au loin comme des papillons virevoltants. Les négociants, près de marins hilares accourus, l’observent encore en soupirant :
— Putain de poète !…
En librairie dès le 7 octobre 2020
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D’un naturel joyeux, poétique et inventif, Philippe a toujours su jouir de la beauté des êtres et des choses. En pleine force de l’âge, la maladie de Charcot le crucifie, neutralise un à un ses muscles et le soumet à la paralysie totale. Lucide quant aux conséquences à court termes de cette maladie incurable, Philippe refuse de renoncer aux plaisirs d’exister et va continuer, quatre années durant, de vivre comme un esprit libre.
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