Le domaine des douves
Benjamin Planchon
En librairie dès le 16 mars 2022
En revenant au domaine des Douves, Clovis est bien décidé à n’y rester que le temps de régler la succession de sa grand-mère, morte tragiquement dans l’incendie de sa maison. Mais nul ne revient impunément sur les lieux de sa jeunesse. À peine le seuil franchi, les souvenirs de cette enfance merveilleuse et cruelle ressurgissent avec violence. Happé par le passé, Clovis devra affronter les secrets cachés au fond des douves.


Benjamin Planchon a 43 ans, Le Domaine des Douves est son premier roman.
Extrait
En approchant du domaine, je me demande si les bâtiments se sont effondrés pendant mon absence. Peut-être se sont-ils changés en sable. Peut-être ne sont-ils plus que des souvenirs en poudre. J’imagine d’immenses dunes, placides, à la place des terres familiales. Je me vois tituber, haletant et assoiffé, dans ce désert jaune recouvrant les jardins inversés, les champs de gomme noire, les rivières immobiles, les marais, les glaciers. Un vrai Sahara desséchant mon enfance. Je ne sais plus ce que je suis venu chercher ici. Quel secret assoupi. Quelle révélation. Il n’y a que de la poussière. Mais une voix me souffle : « Attends. Attends encore un peu. »
En librairie dès le 16 mars 2022
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Il est photojournaliste. Il a 50 ans. Un soir de l’an 2000, à la sortie d’une exposition de son travail, un homme âgé lui remet des photos de son père, prises à l’époque où ils étaient dans la Résistance. Il ne trouve rien à répondre. Il ne sait rien de ce jeune maquisard, qui, mitraillette en bandoulière, fixe l’objectif, étrangement souriant. Son père ne lui a jamais parlé de cette période de sa vie. Ni de rien d’autre, d’ailleurs. En 1962, il est incarcéré après avoir été accusé à tort de faire partie de l’OAS...Sur un même dossier où n’apparaissent ni preuve ni aveu, un homme de soixante-six ans, après avoir été acquitté en première instance, vient d’être condamné en appel à quinze ans de prison et, du même coup, rayé du monde des vivants. Que l’on « croie » cet homme innocent ou non n’a aucun intérêt : une justice sérieuse et digne, honnête, n’avait simplement pas le droit de l’empêcher de poursuivre librement sa vie, sans raison valable, en faisant mine de s’appuyer sur un dossier qui ne contient que du vide trouble, des inepties, des tricheries.
Quelle heure est-il ? Ils ont dit treize heures. Dans huit heures exactement. Exactement je n’en sais rien. Exactement ce serait à la seconde près. Au millième de seconde près. Tous ces mots que l’on emploie par facilité, alors qu’on ne sait rien ! On suppose, on certifie, on croit que… quelle fumisterie ces mots-là.
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