Paris Émois
Michel Field
En librairie dès le 7 avril 2021
Paris, ma ville, je l’ai vue changer en même temps que moi, tromper mes repères, ébranler mes certitudes, panser ses plaies, penser me plaire. Je l’ai vue se métamorphoser, muer sans cesse, abandonner de vieilles peaux qui m’étaient chères, me faire accepter ses foucades, céder à de nouvelles passions, succomber à quelques illusions, se redessiner comme on se réinvente tout en restant soi-même. Une vie, une ville.


Michel Field
Tour à tour producteur et journaliste pour la presse écrite, la radio et la télévision, Michel Field est directeur du pôle culture de France Télévisions. Agrégé de philosophie, il est l’auteur d’une quinzaine d’essais et de romans dont, entre autres, Le Passeur de Lesbos, Impasse de la nuit, L’Homme aux pâtes, Le Soldeur et Le Vieux Blanc d’Abidjan dans sa prison de Yopougon.
Photo © Maxime Reychman
Extrait
Ce livre était en cours d’écriture le 15 avril 2019.
Et il ne voulait parler que de cela. Comment s’incruste la mémoire d’une ville dans la mémoire d’une vie. Comment s’entremêlent les lieux de la ville et les moments de l’existence. Comment on voit la ville changer, se modifier, sa géographie évoluer comme un miroir de nos propres changements. Comment le lieu fait vie, dans ses bonheurs et ses désastres…
Jusque dans les débats virulents sur la reconstruction de la cathédrale, j’entendais un écho à mon labeur. Qu’est-ce qu’être fidèle à soi ? Reconstruire à l’identique, ou risquer la modernité ? Rester attaché au passé en le reproduisant, ou se projeter dans demain, qui sera le passé de l’après-demain ? Mais ce passé, comment et où le délimiter ?
Le débat avait fait rage lors des travaux de réhabilitation de la basilique Saint-Sernin à Toulouse où, déjà, il était question de Viollet-le-Duc !Comment considérer la flèche ? Partie intégrante du patrimoine, qu’il faut reconstruire à l’identique ? Mais comment argumenter qu’une innovation du xixe siècle soit considérée de la même manière que le trésor gothique, sans aussitôt légitimer un geste architectural contemporain qui finirait par s’intégrer au patrimoine d’origine ? Il ne faut pas gratter longtemps la pierre pour que surgissent toutes les questions qui surgissent quand on réfléchit à ce qu’est une identité.
Est-ce un improbable « noyau » originel qu’il conviendrait de sauvegarder, ou l’incessant ressac des alluvions de la vie qui nous fait être qui nous sommes ?
Qu’est-ce qu’être fidèle à soi ? Rester figé dans le souvenir et les convictions de sa jeunesse ? Accompagner le mouvement de la vie au risque de s’y perdre ? Mais de quoi ce « y » est-il le nom ?
« Ceux qui sont dans le dérèglement disent à ceux qui sont dans l’ordre que ce sont eux qui s’éloignent de la nature, et ils la croient suivre : comme ceux qui sont dans un vaisseau croient que ceux qui sont au bord fuient. Le langage est pareil de tous côtés. Il faut avoir un point fixe pour juger », écrivait Pascal dans une de ses plus fameuses Pensées.
En librairie dès le 7 avril 2021
Autres livres
chez Mialet-Barrault
Servir et obéir. C’est ainsi que les militaires légitiment le droit de tuer impunément. Mais doit-on obéir quand l’ordre reçu est immoral ? Aujourd’hui, les généraux russes sont confrontés à ce dilemme. Doivent-ils continuer d’obéir à Poutine ? Cette interrogation a conduit Lionel Duroy à s’intéresser au destin du maréchal Friedrich Paulus, commandant de la VIe armée allemande à Stalingrad et, à ce titre, comptable de la mort de milliers d’hommes. Pourquoi a-t-il continué d’obéir à Hitler, pour lequel il n’avait plus aucun respect, avant d’appeler à le renverser ? Lionel Duroy s’est glissé dans sa tête pour raconter son histoire.
À paraître le 12 avril 2023.
Les marranes sont les Juifs d’Espagne et du Portugal qui, au XVIe siècle, se sont convertis au catholicisme tout en continuant à pratiquer leur religion en secret.
Pour rendre compte de ce temps, Michèle Sarde a choisi de mettre en scène Doña Gracia, une femme étonnante qui joua un rôle considérable à cette époque troublée. Issue d'une riche famille de marranes, elle fut amenée très jeune à diriger la « banque » Mendes, rivale de celle des Médicis. Rois et princes empruntèrent sans relâche à la riche banquière en la menaçant sans scrupules de la livrer aux inquisiteurs. Avec une audace rare et une intelligence aigüe, Doña Gracia ne cessa de jouer avec le feu. Disséminés dans toutes les villes mar-chandes d’Europe, ses agents commerçaient activement et servaient de relais aux marranes en fuite. Le jour où le danger devint trop pressant et quand Charles Quint vou-lut la déposséder de sa fortune, elle décida de fuir Anvers. Alors commença un extraordinaire périple qui la conduisit jusqu’à Istanbul, où Soliman le Magnifique l'accueillit et la protégea. De la Corne d'or, elle osa boycotter le port d'Ancone, fief des États pontificaux, coupables d'avoir condamné les Juifs au bûcher.Pourquoi ce livre ? Parce qu’il y a de quoi être excédé quand on est pris entre deux feux, tous les jours, depuis des décennies : d’un côté le racisme, l’ignorance et ceux qui confondent « Arabe » et « islamiste » ; de l’autre, certains Arabes, qui leur facilitent la tâche, par leur esprit borné ou leur fanatisme religieux. La partie n’est pas simple – et les coups pleuvent des deux côtés, pour celui qui est pris, à son corps défendant, dans les feux croisés.
En revenant au domaine des Douves, Clovis est bien décidé à n’y rester que le temps de régler la succession de sa grand-mère, morte tragiquement dans l’incendie de sa maison. Mais nul ne revient impunément sur les lieux de sa jeunesse.



