POUR L’AMOUR DES BETES

En librairie dès le 12 octobre 2022

couverture, pour l'amour des bêtes

Corine Pelluchon

Spécialiste de philosophie politique et d’éthique appliquée (médicale, environnementale et animale), Corine Pelluchon est professeur à l’université Gustave Eiffel et actuellement fellow au New Institute de Hambourg.

© Forian Thoss

Jocelyne Porcher

Ex-éleveuse autrefois salariée en porcheries industrielles puis technicienne en agriculture biologique, Jocelyne Porcher est aujourd’hui sociologue, zootechnicienne et directrice de recherches à INRAE.

© Lysiane Porcher

La question animale attise les passions, mais au fond pourquoi ? Certes, la condamnation de l’exploitation industrielle des animaux dans des conditions insoutenables est partagée par un grand nombre, et au premier chef par Jocelyne Porcher et Corine Pelluchon, qui mènent à cet égard une critique sans appel du capitalisme. Pourtant, au nom de l’amour des bêtes, elles s’opposent radicalement. Si Corine Pelluchon traque toutes les formes de domina-tion et estime que la mise à mort d’un animal élevé pour sa chair est moralement condamnable, Jocelyne Porcher, qui fut éleveuse, considère que la relation de travail avec les animaux justifie leur abattage et participe de la condi-tion humaine. Pointe alors le scandale de la mort : a-t-on le droit de tuer des animaux ? Cette question abyssale est au cœur de l’argumentation des deux auteures qui font part de leur expérience, en confrontant leurs certitudes comme leurs doutes.

Extrait

Parce que la correspondance est l’occasion d’opposer des arguments, de débattre, mais aussi de regar-der ce qu’il y a derrière ces arguments, je vous propose de réfléchir à ce qui, à mon avis, explique nos divergences. Car il y a un abîme entre vous, qui ne remettez pas en ques-tion l’exploitation animale et l’élevage dont vous soulignez l’importance dans notre évolution qui est une coévolution, et moi, qui estime que la fin de l’exploitation animale est un horizon désirable. À mes yeux, la prise en compte des intérêts des animaux dans toutes nos politiques publiques et toutes nos activités est la clef pour réenclencher un processus civilisationnel que j’appelle l’âge du vivant. Ce dernier associe la cause animale à un vaste mouvement de réconciliation de l’humain avec les autres vivants. Il ne supprime pas les différences existant entre les animaux et nous, mais implique l’acceptation de notre vulnérabilité et de notre finitude, et la reconnaissance d’une communauté de destin ne diminuant en rien nos responsabilités spécifiques. En écrivant cela, j’imagine que je vous agace. Pourtant, je sais que vous aussi avez compris qu’au fond de nos positions les plus certaines il y a ce vertige : c’est le rap-port que chacun a à la mort qui explique son rapport aux animaux, son engagement à les défendre ou, au contraire, le besoin qu’il a de les encager, de les chasser ou de les tuer à l’arme blanche pour voir que celui qui meurt est l’autre, que l’on réduit à un corps – l’autre, c’est-à-dire celui qui n’est pas moi, et dont je peux faire presque n’importe quoi, dont j’incorpore la chair, dont j’utilise la substance et la vie pour avoir de la force, pour pouvoir courir, travailler, vivre, jouir.

En librairie dès le 12 octobre 2022

Autres livres

chez Mialet-Barrault

  • Les divorce hotels promettent de divorcer en un week-end, sans tracas ni démarches interminables, dans un souci de médiation, de bonne humeur, et même de bien-être. L’Hôtel du bord des larmes est l’un de ces hôtels. En ce vendredi de début d’été, il accueille Cécile et François, désolés d’en arriver là, pas très convaincus par l’idée, mais bien décidés à rompre ce mariage tout en préservant leur fille : ce que l’amour a fait mourir, la famille qu’ils étaient les oblige à le laisser en vie. Au cours de ces deux jours, ils vont revivre les émotions qui les ont unis puis séparés, accepter de prendre leurs distances… et faire de nouvelles rencontres. Et ça, ce n’était pas prévu.

    Rentrée littéraire 2024
  • Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d’une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l’Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu’à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre.

    Rentrée littéraire 2024
  • Je ne crois pas avoir appris quoi que ce soit qui ne comportât pas la promesse du sourire.
    LJacques A. Bertrand n’a jamais renié cette phrase écrite pour son premier livre publié  en 1983. Il a consacré sa vie à l’écriture, sans jamais cesser de sourire. Il a déchiffré toutes les nuances de cette étrange expression du visage et les a transposées avec virtuosité en mots, en phrases, pour nous dire toutes les émotions que le sourire sait exprimer. Joie, tendresse, amour, sarcasme, mélancolie, cruauté, désespoir et tant d’autres choses. En vous invitant à vous promener dans ce recueil d’ex-traits de textes, choisis au gré de notre admiration et de l’amitié qui nous a liés au cours de toutes ces années, nous espérons vous offrir le meilleur de cet écrivain rare.

    Rentrée littéraire 2024
  • Laura Delabre vit paisiblement à Marmande où elle gère l’entreprise de peinture de son mari. Passionnée de littérature japonaise, elle est heureuse d’apprendre que la média-thèque de la ville organise une rencontre avec Takumi Kondo, un de ses auteurs favoris. Le hasard veut que le spécialiste parisien qui doit animer la soirée se retrouve bloqué dans son TGV. La directrice du lieu, paniquée, demande à Laura de le remplacer au pied levé. La prestation de la jeune femme est remarquable. Très agréablement surpris, le romancier en parle le lendemain sur une grande chaîne de radio.

    Rentrée littéraire 2024