Azincourt par temps de pluie

Jean Teulé

En librairie dès le 2 février 2022

Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d’une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l’Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu’à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu’aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tout ce que la cour de France compte d’aristocrates se précipite pour participer à la curée. Ils ont bien l’intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n’en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l’autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s’impose : grandiose !

Livre, Azincourt par temps de pluie
Jean Teulé, Azincourt par temps de pluie

Avec la verve qu’on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte
ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d’hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d’autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.

Extrait

Les nobles montés, dos droit sur une selle à dossier et accoudoirs, pieds glissés au creux de lourds étiers, tenant d’un poing une lance et de l’autre des rênes, éperonnent leur cheval dans le but de n’aller affronter que des lords et des sirs. S’ils dédaignent s’en prendre aux archers, ceux-ci, moins bégueules, veulent bien leur tirer dessus. Pendant que les montures masquées et flanquées de métal écrabouillent de leurs sabots les côtes du percheron tué qui, du coup, lâche de gros pets à la tronche d’Antoine de Chartres (décidément…) qui se trouve lui-même piétiné par d’autres chevaux le faisant entièrement disparaître sous plus d’un mètre de boue (ah ben dis donc, ce n’était pas sa journée), les longbowmen vident une partie de leur second carquois sur des étalons en longue robe à pompons dorés
jetant leur cavalier.
— Ça ne se passe pas bien, ça ne se passe pas bien ! râle l’un d’eux, duc à terre qui aura bien du souci pour se relever.
Une quinzaine de canassons canardés ayant claqué, leurs carcasses gisant sur un flanc ou pattes en l’air tapissent ce coin de bourbier et facilitent le passage au galop du cortège de la cavalerie lourde. Comme quoi, à tout malheur quelque chose est bon. Ce qui pose en revanche un nouveau problème, c’est comment contourner l’archerie anglaise ? Qu’Henry V ait positionné son armée au point le plus étroit du champ empêche le contournement de ses troupes par les Français. Le comte de Vendôme, accroché au harnais d’or de son cheval, se scandalise :
— Pourquoi a-t-on laissé l’ennemi avancer jusque-là ? Quel grave manque d’organisation !
À ses côtés, le seigneur de Dampierre regrette :
— Si le champ n’avait pas été étranglé par les deux forêts il aurait été aisé de les prendre à revers ! Ils n’auraient plus su de quel côté tirer leurs flèches, pendant que notre avant-garde démontée serait venue s’en débarrasser à coups d’épée. Plus qu’une seule solution : dévier notre course vers le centre pour traverser l’archerie jusqu’aux milords en acte d’apothéose !

En librairie dès le 2 février 2022

Autres livres

chez Mialet-Barrault

  • Au pied du Sacré-Cœur où il habite, la vie n’a pas gâté Nestor. Rejeté à sa naissance par sa mère qui n’a pas supporté qu’il soit anormalement petit, il vit chez sa grand-mère qui l’a recueilli et qu’il adore. Elle subvient à leurs besoins avec sa maigre retraite de professeur de français tandis que son petitfils, animé d’une inlassable vitalité et d’un incurable optimisme, cherche et trouve mille occasions d’améliorer leur ordinaire dans ce quartier de Barbès où s’entremêlent tous les peuples, tous les destins, tous les désespoirs. Yasmina Khadra fait ici un portrait éblouissant de ce quartier singulier et de sa population.

    Rentrée littéraire 2024
  • Paris Émois, Michel Field. Ce livre était en cours d’écriture le 15 avril 2019. Et il ne voulait parler que de cela. Comment s’incruste la mémoire d’une ville dans la mémoire d’une vie. Comment s’entremêlent les lieux de la ville et les moments de l’existence. Comment on voit la ville changer, se modifier, sa géographie évoluer comme un miroir de nos propres changements. Comment le lieu fait vie, dans ses bonheurs et ses désastres…

    Rentrée littéraire 2024
  • Comment être écrivain lorsqu’on vit reclus à la campagne ? Loin du milieu littéraire et en mal de contrat, François Korlowski accepte de participer à la rédaction d’un ouvrage collectif ayant pour but de célébrer les Grands Prix du roman de l’Académie française. Son travail : écrire une notice sur Alphonse de Châteaubriant, homme de Lettres de sa ré-gion, Grand Prix 1921. Galvanisé par cette proposition de la Coupole, l’auteur rêve à une reconnaissance nationale...

    Rentrée littéraire 2024
  • Sur un même dossier où n’apparaissent ni preuve ni aveu, un homme de soixante-six ans, après avoir été acquitté en première instance, vient d’être condamné en appel à quinze ans de prison et, du même coup, rayé du monde des vivants. Que l’on « croie » cet homme innocent ou non n’a aucun intérêt : une justice sérieuse et digne, honnête, n’avait simplement pas le droit de l’empêcher de poursuivre librement sa vie, sans raison valable, en faisant mine de s’appuyer sur un dossier qui ne contient que du vide trouble, des inepties, des tricheries.

    Rentrée littéraire 2024